De l’utilité d’une langue étrangère

Les étudiants Nord-Coréens sont de plus en
plus nombreux à apprendre une langue étrangère telle que l’anglais ou le
chinois. Ils ont ainsi plus de chances de trouver un emploi bien rémunéré,
grâce à un salaire versé en une devise étrangère plus forte que le won
nord-coréen, a rapporté un correspondant du Daily NK, qui réside dans la
province du Yanggang.

« Aujourd’hui beaucoup de gens pensent
que trouver un emploi dans le commerce extérieur garantit un bien meilleur niveau
de vie que d’occuper un poste de cadre dans un bureau local du Parti. Par
conséquent, les langues attirent davantage de personnes aspirant à rejoindre
une entreprise commerciale ».

Cette tendance s’observe également chez les
parents qui souhaitent que leurs enfants soient éminemment bien placés dans la
société.

« La maîtrise d’une langue étrangère
permet d’entrer dans une université huppée et d’obtenir un bon poste, et c’est
pourquoi les parents se battent bec et ongles pour inscrire leurs enfants à des
cours particuliers. »

« Les parents sont prêts à tout pourvu
que leurs enfants apprennent une langue étrangère et décrochent un emploi
stable, y compris vendre leurs biens les plus précieux afin de pouvoir apporter
un soutien financier, ou bien ils n’hésitent pas à payer les enseignants
beaucoup plus cher qu’à l’habitude ; beaucoup ne s’en formalisent
pas. »

Cet engouement est né il y a près de dix ans
dans un contexte où la compétition pour décrocher un emploi dans le secteur
commercial s’est durcie. « Du coup, le chinois et l’anglais sont
davantage étudiés à l’université, relève notre correspondant, et les parents
encouragent leurs enfants à s’y intéresser dès le collège afin qu’ils puissent
être admis dans une université prestigieuse. »

L’envie d’apprendre une langue étrangère
s’enracine également dans l’exposition, entre autres, aux séries télévisées
chinoises. Les étudiants vivant dans des régions frontalières avec la Chine
sont ainsi confrontés à de nombreuses situations où la maîtrise du chinois leur
serait profitable. Là-bas l’apprentissage du chinois est d’ailleurs préféré à
celui de l’anglais.

« Certains étudiants profitent des
vacances scolaires pour prendre des cours de chinois à l’université plutôt que
de rentrer dans leur famille, » note notre correspondant.

Plusieurs success-stories nourrissent
justement cette impression. C’est le cas avec un jeune diplômé de l’Université
Centrale de Hyesan, dans la province du Yanggang, qui a récemment été recruté
par une société de commerce précisément parce qu’il avait étudié le chinois.

« Aujourd’hui les gens se disent qu’il
vaut mieux viser un métier lucratif et choisir ses études en fonction, »
conclut notre correspondant. « Dans le cas d’une région frontalière comme
le Yanggang, l’apprentissage du chinois a de beaux jours devant lui. »